Demoiselle Slave Admin
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| Sujet: Famille Raba de retour à Lyon Jeu 25 Sep - 0:09 | |
| - LOKI a écrit:
- Jeudi 26 avril, 10 h 46, gare de Massy : accompagnée de trois membres du Réseau éducation sans frontières (RESF), Shpresa Raba descend du TGV en provenance de Lyon. Elle esquisse un sourire timide. "Je suis contente d'être revenue, mais j'ai peur", finit-elle par lâcher. Expulsés le 6 décembre 2006 vers le Kosovo, Shpresa Raba, son mari Jusuf et leurs trois enfants (Qirim, 7 ans, Dasnor, 4 ans, et Dasha, 3 ans) ont, "il y a quelques jours", de nouveau foulé le sol français. Illégalement. Depuis, ils vivent cachés dans la région lyonnaise, en attendant de déposer un nouveau dossier de demande d'asile.
"Là-bas nous étions en danger. Nous nous sommes toujours dit que nous reviendrions", explique Shpresa dans la voiture qui la conduit à l'Assemblée nationale où RESF organisait une conférence de presse en présence de Jack Lang (PS), Christiane Taubira (PRG), Dominique Voynet (Verts), Nicole Borvo (PC), Alain Krivine (LCR), de nombreux leaders syndicaux et associatifs, du comédien Guy Bedos et de l'écrivain Dan Franck.
Venue seule témoigner à Paris, elle raconte comment, pendant quatre mois, elle et les siens ont vécu caché. Jusqu'au jour où un passeur leur a proposé de repartir. "On a beaucoup marché à pied... et (une fois sur un ferry en direction de l'Italie) Qirim a dit : "Je suis sûr que l'on va en France." Le pays de mes trois enfants, c'est la France, insiste-t-elle. Tous les frères de mon mari vivent là ou dans un autre pays européen."
"C'EST UNE VICTOIRE"
Lors de leur première arrivée en 2001, deux ans après l'intervention de l'OTAN au Kosovo, les Raba n'imaginaient pas que l'on puisse leur refuser l'asile. Ils disent avoir fui leur pays parce que Jusuf, le père, avait refusé d'être enrôlé dans l'Armée de libération du Kosovo (UCK) pour combattre les Serbes. Mais alors que ses frères, ont, selon eux, tous obtenu l'asile dans des pays de l'Union européenne, le statut de réfugié a été refusé à Jusuf et à Shpresa.
Jeudi soir, au ministère de l'intérieur, un conseiller de François Baroin, qui fut aussi celui de M. Sarkozy, rappelait que "l'OFPRA, la Commission de recours, et le tribunal administratif avaient estimé que la famille Raba ne courrait pas de risque au Kosovo. Si elle dépose une nouvelle demande d'asile, elle sera infondée".
La circulaire du 13 juin 2006 sur la régularisation "exceptionnelle" leur avait redonnés espoir. Installés à Gray (Haute-Saône) depuis cinq ans, ils avaient chacun une promesse d'embauche et leurs enfants (dont les deux derniers sont nés en France) étaient tous scolarisés : ils pensaient remplir les critères. En vain. Sans attendre la réponse de la préfecture, les gendarmes se présentaient chez eux, le 16 novembre 2006. Après vingt-et-un jours de rétention à Lyon et une première tentative d'expulsion ratée, ils ont été transférés à Toulouse et renvoyés, par un avion militaire spécialement affrété, vers le Kosovo.
"Ce retour (en France), c'est une victoire pour la famille Raba. C'est aussi une victoire contre l'arbitraire, contre tout l'argent dépensé pour les expulser. Et c'est une victoire de la solidarité", s'est réjoui, jeudi, les larmes aux yeux, Patrice Muzard, du collectif de soutien aux Raba à Gray qui n'a jamais relâché sa mobilisation depuis que la famille Raba a quitté le village. "Le retour des Raba signe la faillite de la politique de Sarkozy", renchérit Richard Moyon, porte-parole de RESF.
Laetitia Van Eeckhout | |
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