Avec six mois de retard, la mission européenne de justice et de police, l’Eulex, s’est enfin déployée au Kosovo malgré les réticences de la Serbie et de la Russie. Gros plan sur la situation actuelle de ce pays qui avait déclaré son indépendance le 17 février dernier
Des officiers de la mission Eulex au Kosovo (photo AFP)
Reconnue par une cinquantaine d’Etats, l’indépendance du Kosovo est toujours contestée par la Serbie et son allié russe. Belgrade espère que la Cour internationale de justice ne reconnaîtra pas la souveraineté kosovare et a déjà obtenu de nombreuses concessions au sujet du déploiement de l’Eulex.
L’indépendance du Kosovo toujours contestée
Le 17 février 2008, le Kosovo, région peuplée à 90% d’albanophones, déclarait unilatéralement son indépendance de la Serbie. Historiquement rattachée à Belgrade, l’administration kosovare était, depuis 1999 et la fin de la guerre du Kosovo, sous la tutelle de l’ONU qui avait pour mission de guider la province vers la voie de l’indépendance. Depuis février 2008, une cinquantaine d’Etats, dont les Etats-Unis et la majorité des 27 membres de l’Union européenne, ont reconnu la souveraineté kosovare. En revanche, la Serbie la conteste toujours et a demandé à l’ONU de porter l’affaire devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations Unies. Cette dernière se penche actuellement sur le sujet.
L’Eulex retardée par le blocage serbo-russe
L’Eulex est composée de 1500 policiers, douaniers et juristes internationaux, en majorité des européens, et de 400 membres locaux aux fonctions identiques. Cette mission va se charger de l’administration juridico-policière du Kosovo jusque-là exercée par la Mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo (Minuk), appelée à disparaître sous peu. Décidée dès l’indépendance kosovare proclamée en février et prévue pour juin, l’Eulex a entamé son mandat mardi avec six mois de retard.
Pour se déployer, la mission européenne devait obtenir l’aval du conseil de sécurité de l’ONU où la Russie, alliée de la Serbie dispose d’un droit de veto. Un accord a finalement été trouvé le 26 novembre au siège des Nations Unies mais au prix de nombreuses concessions faites à Belgrade. Ainsi, l’Eulex restera "neutre" quant au statut du Kosovo, à savoir qu’elle ne reconnaîtra pas son indépendance. Et les douanes et tribunaux du nord du pays, dans la région de Mitrovica peuplée par de nombreux Serbes, ne seront pas sous l’autorité de Pristina, capitale kosovare. La Kfor, force de l’OTAN au Kosovo, redoute une recrudescence des affrontements entre slaves et albanophones dans cette partie du pays. Les Serbes du nord du Kosovo pourraient à terme demander, avec le soutien de Belgrade, l’indépendance de la région de Mitrovica ou son rattachement à la Serbie.
Yann Fernandez (www.lepetitjournal.com) lundi 15 décembre 2008
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_ la dépêche AFP - L’indépendance du Kosovo est « irréversible » selon M. Ahtisaari
_ l’article de l’Express – L’Eulex à pied d’œuvre dans un Kosovo sous surveillance