Le gouvernement pro-occidental serbe est aussi néfaste que l'ancien homme fort de Belgrade Slobodan Milosevic dans ses relations avec le Kosovo, déclare le Premier ministre de l'ancienne province serbe, qui a proclamé son indépendance il y a un an. Lire la suite l'article
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"Dans ses relations avec le Kosovo, Belgrade n'a rien changé par rapport à l'époque Milosevic", a estimé Hashim Thaci dans une interview accordée à l'agence Reuters. "La Serbie, en s'efforçant de peser sur l'intégrité du Kosovo, épouse totalement la mentalité de Milosevic."
Belgrade refuse de reconnaître l'indépendance de la province sécessionniste, peuplée à 90% d'Albanais de souche, et se dit déterminée à bloquer toute tentative de Pristina d'intégrer les instances internationales.
Le Kosovo est soutenu par les puissances occidentales qui ont reconnu son indépendance, neuf ans après la campagne de bombardements de l'Otan pour faire cesser des opérations de nettoyage ethnique par les forces serbes luttant contre l'insurrection albanophone dans la province.
"La Serbie ne peut pas suivre deux voies, en essayant d'un côté de devenir un pays pro-occidental et en menaçant de l'autre la souveraineté d'un pays tiers", affirme Hashim Thaci, ancien chef de la guérilla albanophone qui a combattu les forces de Milosevic en 1998 et 1999.
"Le visage de la Serbie au Kosovo est celui du génocide. La Serbie est arrivée ici il y a un siècle par la violence, est restée ici par la violence, et a quitté le Kosovo en commettant un génocide. La Serbie devrait présenter ses excuses", ajoute le Premier ministre kosovar.
Pour Belgrade, Thaci est un criminel de guerre coupable de nombreuses exactions pendant la rébellion.
LE PROBLEME, C'EST L'OPINION PUBLIQUE
Dans son interview, Hashim Thaci souligne cependant qu'il est prêt à rencontrer le président serbe Boris Tadic et assure que les dirigeants serbes sont prêts à reconnaître l'indépendance du Kosovo.
"A Belgrade, le problème des dirigeants n'est pas de reconnaître le Kosovo, le problème est de gérer l'opinion publique", dit-il. "Les responsables serbes sont les otages d'une approche anti-albanaise en Serbie."
"A l'occasion de cet anniversaire, j'invite la Serbie à reconnaître le Kosovo. Il est dans notre intérêt d'avoir une ambassade à Belgrade mais aussi dans l'intérêt de la Serbie d'avoir une ambassade au Kosovo."
Au cours de l'année écoulée, le Kosovo a créé sa propre constitution, sa propre armée, son hymne national, des passeports, des cartes d'identité et des services de renseignement. Il a ouvert ses dix premières ambassades, la plupart dans des pays occidentaux.
A l'heure actuelle, le Kosovo est reconnu par 54 pays, dont les Etats-Unis et 22 des 27 membres de l'Union européenne.
Il n'a pas intégré les Nations unies mais espère rejoindre dans les mois à venir le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.
L'assemblée générale de l'Onu a approuvé l'an dernier une requête de la Serbie demandant à la Cour internationale de justice d'étudier la légalité de la sécession du Kosovo. Ce recours, estiment des analystes à Pristina, explique la lenteur des nouvelles reconnaissances de l'indépendance du pays.
Soutenue par Belgrade, la minorité serbe forte d'environ 120.000 habitants sur une population totale de deux millions refuse quant à elle de reconnaître la sécession et de traiter avec les autorités de Pristina.
Version française Jean-Stéphane Brosse