La Serbie "reconnaîtra un jour le Kosovo", selon le Premier ministre kosovar
BELGRADE - La Serbie est consciente qu'elle reconnaîtra un jour l'indépendance du Kosovo, a assuré le Premier ministre kosovar Hashim Thaci dans une interview publiée jeudi par l'hebdomadaire NIN, des propos qualifiés d'"absurdité" par un haut responsable serbe.
"J'ai obtenu une confirmation informelle et privée que Belgrade reconnaîtra un jour le Kosovo", a déclaré M. Thaci.
Il a assuré avoir obtenu une telle "confirmation" de responsables "haut placés, actuellement au pouvoir" à Belgrade, à l'occasion de "rencontres et conférences internationales".
Les autorités serbes ont déclaré à de multiples reprises qu'elles ne reconnaîtraient jamais l'indépendance du Kosovo, proclamée en février 2008.
Le Kosovo représente pour les Serbes le berceau de leur Histoire et son territoire est considéré par Belgrade comme celui de sa province méridionale.
"C'est une absurdité. Aucun homme politique en Serbie ne dirait une chose comme cela, que ça soit en public ou en privé", a réagi sur les ondes de la radio B92 Borko Stefanovic, bras droit du ministre serbe des Affaires étrangères Vuk Jeremic.
Hashim Thaci a fait ces déclarations alors que l'attente grandit à Belgrade et Pristina, et dans l'ensemble de la région, avant la publication de l'opinion de la Cour internationale de justice (CIJ) sur la légalité de la proclamation d'indépendance du Kosovo.
La Serbie a obtenu que la Cour se prononce sur le sujet. Son opinion est attendue d'ici l'automne, au plus tard.
Selon Borko Stefanovic, cette opinion ouvrira la voie à "de nouvelles négociations, principalement sur les questions liées au statut" du Kosovo, à savoir son indépendance.
Mais pour Pristina, il est hors de question d'ouvrir des négociations sur le statut du Kosovo, l'indépendance proclamée le 17 février 2008 étant acquise une fois pour toutes.
La proclamation d'indépendance du Kosovo a été reconnue à ce jour par 69 pays, dont les Etats-Unis et 22 des 27 Etats membres de l'Union européenne.
Tout en assurant que la Serbie était "disposée à toute solution fondée sur le compromis", Borko Stefanovic a rejeté la possibilité de discussions entre Belgrade et Pristina sur différents thèmes pratiques, comme le recommandent Européens et Américains.
Les "questions pratiques", comme par exemple l'approvisionnement électrique des enclaves serbes au Kosovo, découlent de la "question essentielle" devant être résolue, "à savoir la question du statut", a souligné Borko Stefanovic.
"Si notre gouvernement engage des discussions avec le soi-disant gouvernement du Kosovo sur des questions pratiques (...) cela signifierait qu'à ce moment-là, nous reconnaîtrions nos interlocuteurs de Pristina comme nos égaux, ceux qui se présentent comme un Etat indépendant", a poursuivi le diplomate serbe.
http://www.romandie.com/ats/news/100701111403.sktrxtwb.asp