Forum de discussion sur le Kosovo
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Forum de discussion sur le Kosovo

Forum officiel du site kosovo.4yu.fr
 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  Notre siteNotre site  
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

 

 Article du Figaro "Kosovo, la bombe à retardement"

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Admin
Admin
Admin
Admin


Nombre de messages : 136
Age : 39
Localisation : France - Serbie - Russie
Date d'inscription : 02/12/2006

Article du Figaro "Kosovo, la bombe à retardement" Empty
MessageSujet: Article du Figaro "Kosovo, la bombe à retardement"   Article du Figaro "Kosovo, la bombe à retardement" Icon_minitimeSam 3 Mar - 16:22

Kosovo : la bombe à retardement

JEAN-LOUIS TREMBLAIS ET TOM HALEY. Publié le 02 mars 2007

Le plan de l'ONU pour l'avenir du Kosovo ne satisfait personne. Les Albanais réclament une indépendance immédiate. Les Serbes ne veulent pas en entendre parler. Tensions ethniques, radicalisation politique, surenchère nationaliste : la perspective d'une issue pacifique est bien compromise.


Kosovo Polje. Le champ des merles, en serbe. Du haut de la tour qui commémore la mythique bataille de 1389, on contemple le Kosovo. L'abcès de l'Europe. Un paysage aussi sexy qu'une décharge publique. La centrale d'Obilic et ses volutes toxiques, une terre boueuse jonchée de débris (sacs plastique, pneus usés, carcasses d'engins), des nuées de corbeaux (où sont les merles d'antan ?). Dix mille improbables kilomètres carrés que les autochtones, qui ne manquent pas d'imagination - surtout lorsqu'il s'agit de s'occire mutuellement -, exaltent et vénèrent. Six siècles après, ils parlent du sultan Mourad et du prince Lazare (les héros de la bataille précitée) comme de personnages familiers...



D'un côté, les Serbes, 100 000 personnes qui refusent de quitter le «berceau de la nation» et leurs monastères orthodoxes. De l'autre, 2 millions d'Albanais musulmans qui réclament l'indépendance. Deux versions de l'Histoire. Deux langues. Deux peuples. Deux religions. Un dialogue de sourds. Ils ne s'entendent que sur un seul point : le rejet du plan Ahtisaari, du nom du médiateur finlandais chargé d'élaborer le futur statut du Kosovo. Une mission impossible, comme en convient lui-même le principal intéressé : «Il est très difficile d'imaginer une solution négociée. (...) Même si je négociais toute ma vie, ils ne s'accorderaient pas.»


Martti Ahtisaari ne croyait pas si bien dire. Au lendemain de cette déclaration, le 10 février, une manifestation organisée par le mouvement Vetëvendosje (autodétermination, en albanais) dégénérait gravement à Pristina, capitale de la province. Deux jeunes militants ont été tués par des policiers internationaux alors qu'ils affrontaient les forces de l'ordre. Albin Kurti, leader du groupe, a été interpellé et emprisonné. Cette bavure (les balles en caoutchouc n'auraient pas dû tuer) a entraîné la démission du ministre kosovar de l'Intérieur et le limogeage du chef de la police de la Minuk (Mission des Nations unies au Kosovo). Depuis un an, Vetëvendosje est la face visible et active de l'iceberg séparatiste. Son mot d'ordre : «indépendance immédiate et pas de négociations avec Belgrade» (juridiquement, le Kosovo fait toujours partie de la Serbie, ndlr).


Officiellement, Vetëvendosje est une organisation estudiantine. Mais des esprits chagrins prétendent qu'elle est plus ou moins téléguidée par les anciens combattants de l'UCK (Armée de libération du Kosovo). Structure clanique, adepte du Kanun (un code d'honneur datant du Moyen Age), la branche armée du séparatisme albanais n'a jamais tout à fait renoncé à la violence. Cette mémoire guerrière est soigneusement entretenue par les autorités du cru. Pas une commune qui n'ait construit son mausolée à la gloire des «martyrs» (tués par les miliciens, militaires ou policiers serbes à l'époque de Milosevic). Dans le fief de la rébellion, la vallée de la Drenica, on ne compte plus les statues ou les portraits de feu Adem Jashari, géant barbu, toujours représenté avec mitrailleuse et cartouchières. Dans la plus pure veine stalino-archaïque. Il y a deux mois, les soldats de l'Otan y ont découvert une cache d'armes, qui laisse présager des lendemains difficiles. Grenades, roquettes, munitions : de quoi tenir un siège. Et comme par hasard, le 19 février, un attentat à l'explosif détruisait trois véhicules de la Minuk à Pristina. Avec une revendication (non authentifiée) de... l'UCK. .


Sous le couvert d'anonymat, un fonctionnaire onusien nous livre ses craintes : «Il y a des flingues partout. Ce n'est pas difficile : le Kosovo est la plaque tournante de nombreux trafics (drogue, filles, armes). Huit ans après l'intervention occidentale, on voit pointer le ressentiment et l'amertume. La majorité des Kosovars estime avoir été flouée par les parvenus et les politiques de Pristina. Quant à la société multiethnique, c'est du vent. Il y a ici des Serbes et des Albanais qui se détestent. Et maintenant, avec le plan Ahtisaari, ces deux communautés vouent une même haine à l'ONU. Tout est fin prêt pour un remake de mars 2004, cette bouffée de violence antiserbe qui avait fait une vingtaine de morts. Mais cette fois, ils risquent aussi de s'en prendre à l'ONU.»

Que reproche-t-on exactement à Martti Ahtisaari ? Sa modération. Un concept intraduisible dans cette partie des Balkans, tous les interprètes confirmeront. Le plan de l'ONU (qui doit encore faire l'objet de pourparlers, avant d'être présenté au Conseil de sécurité, au printemps) est un compromis dont voici les grandes lignes :


- contrairement à la résolution 1244 qui régit le Kosovo depuis 1999, il ne mentionne ni la souveraineté serbe sur le Kosovo, exigence de Belgrade, ni le terme «indépendance», réclamé par la majorité albanaise ;


- un émissaire nommé par l'ONU et l'Union européenne superviserait la législation de la province et aurait le pouvoir de démettre les responsables locaux ;


- l'UE déploierait des forces de police aux côtés de l'Otan. Le Kosovo aurait ses symboles nationaux (hymne, drapeau, micro-armée) et pourrait signer des accords internationaux ;


- des zones de protection seraient créées autour des sanctuaires orthodoxes.


Le texte fait hurler les Albanais, qui n'accepteront rien d'autre que l'indépendance. Quant aux Serbes, qui tiennent le Kosovo pour leur Jérusalem, ils y voient une étape sournoise et vicieuse vers la création d'un nouvel Etat et donc le démembrement de leur pays. Deux cent cinquante mille d'entre eux, victimes de harcèlement et de persécutions venant des «Shiptars» (nom que se donnent les Kosovars albanais mais utilisé péjorativement par les Serbes), ont déjà fui la province. Ceux qui restent (sur)vivent soit au nord de Mitrovica ou dans des enclaves protégées par l'Otan. Citoyens de seconde zone, victimes du syndrome de Masada, pathologie obsidionale développée par les assiégés.


Dans un ultime sursaut, ils se mobilisent autour de leaders nationalistes qui n'excluent pas de faire sécession si le plan Ahtisaari prenait effet. Le plus influent d'entre eux est sans doute Marko Jaksic. Dans son bureau de Mitrovica (ville coupée en deux : Serbes au nord de la rivière Ibar, Albanais au sud), l'homme nous reçoit devant une affiche SOS (Save our soul, sauvez notre âme, en anglais) représentant une croix orthodoxe ceinte de fil barbelé. Visage marqué, il expose ses vues : «Ce plan est une farce américano-albanaise. Il vise à créer un deuxième Etat albanais. La Serbie ne l'acceptera jamais.» Redoute-t-il une flambée de violence ? «Si la communauté internationale légitime la violence albanaise, rien n'est exclu. Et si l'Otan est incapable de nous défendre, c'est l'armée serbe - elle en a le droit puisque le Kosovo est juridiquement serbe - qui devra le faire. On ne peut pas tolérer le deux poids, deux mesures : des bombes pour les Serbes et l'indépendance pour les Albanais.» Hypothèse audacieuse : on voit mal la Serbie de 2007, qui lorgne vers l'Union européenne, s'engager dans une aventure belliqueuse. Elle a déjà donné. Et payé.


L'action de desperados façon OAS demeure possible mais elle aurait peu de chance d'inverser le cours de l'Histoire. Reste l'option russe, celle du frère slave et de la solidarité orthodoxe auxquels les Serbes se raccrochent comme à une balise. En priant pour que Moscou joue de son veto au Conseil de sécurité pour contrer le plan Ahtisaari. Ce qui ne ferait que repousser le problème. Question de temps. Décidément, à l'Est, rien de nouveau...


(http://www.lefigaro.fr/magazine/20070302.MAG000000385_la_bombe_retardement.html)
Revenir en haut Aller en bas
https://kosovo.forumpro.fr
srpski
Membre actif
Membre actif
srpski


Nombre de messages : 91
Age : 38
Localisation : france
Date d'inscription : 20/01/2007

Article du Figaro "Kosovo, la bombe à retardement" Empty
MessageSujet: Re: Article du Figaro "Kosovo, la bombe à retardement"   Article du Figaro "Kosovo, la bombe à retardement" Icon_minitimeSam 3 Mar - 23:23

faut qu'on refasse la guère !
Dobrica Cosic - « la Serbie a toujours perdu dans la paix ce qu’elle a gagné dans les guerres »
Revenir en haut Aller en bas
 
Article du Figaro "Kosovo, la bombe à retardement"
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» interview d'Haziri, "vice-1er ministre" du Kosovo

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Forum de discussion sur le Kosovo :: Forum francophone :: Actualité-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser