Le porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana, et le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, ont manifesté leur opposition à un nouveau délai dans l'annonce de la décision de l'Onu concernant le statut final du Kosovo, a-t-on appris mercredi.
Les services de Martti Ahtisaari, envoyé spécial pour le Kosovo du secrétaire général de l'Onu, ont récemment fait savoir qu'une première ébauche du statut définitif du Kosovo serait prête à la date du 21 janvier.
Mais le président serbe Boris Tadic a invité les Nations unies à reporter une fois de plus leurs recommandations sur le statut final du Kosovo, estimant qu'une décision défavorable pour Belgrade risquait de compliquer la formation d'un gouvernement après les législatives du 21 janvier.
Un premier report de son annonce, initialement prévue en 2006, avait été décidé pour que la décision de l'Onu ne fasse pas le jeu de l'une ou l'autre des formations politiques serbes lors des élections.
Favorables à l'indépendance, les Albanais de souche, qui constituent 90% de la population du Kosovo, attendent avec impatience la décision de l'Onu. Certains spécialistes craignent qu'un nouveau report de cette annonce ne soit à l'origine de heurts entre Albanais de souche et Serbes.
"PAS FAVORABLE AU CAMP SERBE"
Lors de sa récente visite aux Etats-Unis, Solana s'est entretenu de cette question avec la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, et tous les deux ont fait part de leur opposition à un nouveau report de la décision, a annoncé une porte-parole du diplomate espagnol.
L'Otan, qui compte 17.000 hommes, craint qu'un nouveau report ne déstabilise la province.
"Nous ne souhaitons pas que le processus soit sapé par des tensions au Kosovo. La meilleure façon d'avancer est de présenter le rapport et d'agir selon ses conclusions", a dit un porte-parole de Hoop Scheffer.
Un diplomate occidental a déclaré jeudi dernier au journal autrichien Die Presse qu'il était de plus en plus probable qu'Ahtisaari se prononce en faveur de l'indépendance du Kosovo sous la supervision des forces de l'UE et de l'Otan.
Cette position est défendue par les Etats-Unis et la plupart des pays européens. La Russie soutient pour sa part la volonté serbe de conserver le Kosovo dans son giron. Belgrade refuse d'accorder plus que l'autonomie à une province considérée comme le berceau historique des Serbes.
La grande majorité des Albanais de souche s'oppose à un retour sous administration serbe, près de huit ans après les bombardements de l'Otan.
De source proche de l'Onu, on affirme que l'ébauche de statut final qui sera prête le 21 janvier tentera d'apaiser les craintes russes en n'appelant pas ouvertement à l'indépendance du Kosovo, mais on précise qu'elle permettra dans le même temps aux capitales étrangères de reconnaître individuellement l'indépendance du territoire.
"Je ne peux pas préjuger de la nature des propositions d'Ahtisaari, mais je ne crois pas qu'elles seront favorables au camp serbe", a dit Tadic dans un entretien au quotidien serbe Politika publié samedi.
"Il serait donc préférable que les propositions d'Ahtisaari soient communiquées après la formation du gouvernement."
Aucun parti ne devrait être en mesure de gouverner seul à l'issue du scrutin du 21 janvier et les expériences récentes montrent que la formation d'une coalition n'est pas un processus simple en Serbie.
Des diplomates ont affirmé que certains pays européens, et notamment l'Espagne, la Grèce, la Hongrie et la Roumanie, étaient sensibles à la demande de Tadic.
Mais elle a peu de chance d'aboutir si les "poids lourds" impliqués dans le dossier kosovar - les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne - se prononçaient en faveur d'une annonce qui suivrait les élections.